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Une vie après sa mort | ||||||||||
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Je reçois ce jour une lettre de Jacques Marchand avec 4 pages d'une écriture stable donc réfléchie et des photos. Au vu des premières lignes de lecture, je me dis qu'il faut que je te la retranscrive en même temps que de la découvrir. Alors, go...... Le 3 février 1999, Catherine, Bien reçue votre lettre répondant à nos voeux, ainsi que la photo où vous êtes avec vos deux enfants. Merci, j'ai remarqué tout de suite que vous aviez le même regard que votre mère. À notre tour, nous vous envoyons 2 photos (de 1983 et 1995) et dès que nous en aurons une de plus récente de toute notre famille, nous vous la ferons parvenir... En 1996, nous avons envoyé au Canada une bonne quinzaine de photos, vous en avez vu une où il y avait notre fille Cathy, mais peut-être toutes? Votre mère nous avait dit lors de son deuxième séjour en mars 1996, qu'elle: "détruirait tout ce qui concerne les traces de 'Marchand', même en ce qui me concerne". De son vivant, nous ne devions pas dire qui nous étions, ni que son nom de jeune fille était Marchand... Je ne lui avais rien promis, je trouvais cela absurde...mais nous avons respecté sa demande... Si Jérôme ne nous avait pas contacté, après le décès de votre mère, je crois que toutes relations auraient été éteintes, à contre-coeur pour moi puis-je vous dire. Pendant les deux séjours de votre mère, nous avons discuté du passé en présence d'Alberte, mon autre soeur, votre tante! Bernadette a été très secrète et nous avons compris, dès le départ qu'elle avait beaucoup de choses à cacher à son fils et que lorsqu'elle repartirait au Canada nous devrons l'oublier! Alberte et moi, nous lui avons raconté notre passé, pas bien gais à l'un comme à l'autre et si votre mère a été 'abandonnée', elle a reconnu que c'était entre de bonnes mains et que de ce fait, c'est elle qui a été la plus heureuse dans sa jeunesse de nous trois (pianos, études, famille aisée etc...). Je relis votre première lettre, et croyez moi que depuis que Jérôme m'a écrit en octobre '98 qu'il avait une soeur, inconnue de lui-même, je me pose souvent la question... POURQUOI ??? Pourquoi: une mère fait une mauvaise chose et que la fille en fait de même? Pourquoi: une mère peut-elle cacher la vérité à son enfant de son vivant, et que la fille en fasse de même? Dans mon cas, toutes mes familles, ainsi que ma soeur Alberte savaient et tous ont tenu le secret !! comme ma mère Henriette !!... Votre mère ne nous a jamais parlé qu'elle avait une fille. Bien au contraire, et le fait d'avoir notre fille s'appelant Cathy, elle avait l'air d'en être contente, en plus qu'elle est née un 22 août comme Jérôme... Mystère !!! Jérôme ne le sachant pas, elle ne devait en aucun cas se trahir et nous ne pouvions le deviner. De plus votre mère savait par moi-même que Boston (U.S.A.) m'avait écrit qu'elle était partie, sans laisser d'adresse, sûrement au Canada avec son fils....(mais aucun renseignement sur votre existence). Après le décès de votre grand-mère Henriette en avril 1984, j'ai découvert en mettant tous ces dossiers à jour, une feuille bleutée pliée avec dedans des mèches de cheveux et trois prénoms inscrits par celle-ci: "Bernadette, Alberte, Jacques"! J'en connaissais deux, mais pas le premier !! Je téléphonais à ma tante Tremblay dans la Sarthe... Je lui ai posé quelques questions et j'ai appris ainsi que j'avais une soeur ainée née en 1929 à Antony! Surprise... et début de perte de ma sérénité! Vite retrouvée au départ, pensant que mes recherches aboutiraient vite... hélas, tante décédée... La ville d'Antony, dès le départ m'indiqua ce que je voulais savoir et qui confirme ce que ma tante m'avait dit. De plus, elle me signale son divorce d'avec Monsieur Camus... mes indices étant très minces, pensant que Bernadette avait repris son nom de jeune fille Marchand, pensant qu'elle pouvait être remariée, je fis donc 11 ans de recherches, relançant mes appels à Antony, puis Boston suite à des renseignements obtenus des USA et enfin Ottawa (Canada) qui a fini par me renvoyer au Ministère des affaires étrangères à Paris... Finalement en 1992, j'avais demandé à la ville d'Antony de mettre un SOS dans le registre des naissances. En '94 je suis allé voir ma Tante Chambellan puis j'ai été à la Mairie d'Antony. Mon SOS était bien dans le registre et finalement votre mère a fini par avoir besoin de papiers pour sa retraite, et la ville d'Antony lui a envoyé mon dossier de recherche....Ce qui fait que Bernadette nous a contacté: joie! ...(par téléphone)... Si cela était à refaire, je le referai, même si en bonne partie je suis arrivé à un résultat ayant de nouveau bouleversé ma sérénité... Comme Bernadette, pour l'état civil, je suis né de père inconnu, ceci par la décision du tribunal de St Calais en 1944. En 1944, je perdai le nom de Robineau (nom du père d'Alberte et du premier mari de votre grand-mère Henriette) pour pouvoir prendre le nom de mon père (que ma soeur a bien connu), qui hélas déporté en Allemagne (S.T.O.) fut tué au cours d'un bombardement allié (avant que toutes les démarches soient finies pour me donner son nom)... J'ai été élévé par les parents de mon père un certain temps, puis remis à ma mère, comme un chien. Je me suis retrouvé en orphelinat jusqu'en mai '51, date de la fermeture de celui-ci pour mauvais traitements envers tous les enfants (filles ou garçons) par les soeurs! ( Sinon j'y serai sûrement resté jusqu'à ma majorité...) Donc en '84, après le décès de ma mère en plus des 'pourquoi?', je ne pouvais que constater qu'elle abandonnait facilement. Mais il faut dire que c'était l'après-guerre, que c'était dur pour tous et que nous étions nombreux abandonnés (provisoirement pour certains...); c'est la vie, le principal étant de réussir la sienne vaille que vaille....Coûte que coûte... Bernadette, d'après ses dires, n'a jamais fait de recherche pour retrouver sa mère... Par contre elle nous a dit qu'elle a été élevée par le frère et la belle-soeur de son père biologique... Les deux familles (elle ne nous a jamais dit le nom) ayant des filles âgées de 10 à 20 ans de plus qu'elle même... Petite anecdote: c'est une de ses soeurs qui revenant de Chine aurait incité ses parents pour qu'ils la laissent sortir avec elle au bal. Bernadette avait 18 ans environ. Donc je peux supposer que c'était Magda? Bernadette a donc été élévée très strictement, sans manquer de rien, sauf un peu de liberté dans sa jeunesse. Bernadette nous a dit, qu'elle a beaucoup voyagé en train, en stop, en vélo etc... trimballant Jérôme partout avec elle... Elle est venue en 1949 (ses premières vacances) à Challes-les-eaux (Savoie) puis en 1954 à St. Égrève et Chamrousse (faire du ski) en Isère (tout près de chez nous). Malgré les années et les forts changements des lieux nous lui avons retrouvé ceux-ci en Octobre 1995... Je lui ai fait visiter la région au cours des ses deux séjours. À la seconde occasion, elle était plus aigrie, il y avait la maladie, son retour seule au Canada, ses secrets!! Elle a été vaillante quand même mais très, très secrète. Vous comprendrez maintenant que je ne pouvais rien raconter à votre frère... De plus, j'ai essayé d'atténuer les fautes de notre mère (votre grand-mère Henriette), Elle n'a rien voulu entendre.... POURQUOI??? alors que je constate depuis Octobre '98 qu'elle-même n'a pas fait mieux (nous ne pouvons juger). Chacun vient au monde avec ses qualités, ses défauts, ça va bien, ça va mal, la vie est loin de se passer comme on voudrait, mais je ne pense pas que ce qui est mal soit hériditaire et passe d'une génération à une autre; cerner la personnalité de notre mère Henriette n'amènera pas obligatoirement des réponses. Sinon faudrait-il remonter plus loin dans le temps ! J'espère que vous verrez avec Jérôme, au plus vite, ma tante Chambellan et peut-être obtiendrez-vous des réponses à vos questions... Pour moi, je ne peux qu'espérer que vous et vos enfants, que Jérôme, son épouse et leurs enfants soyez très heureux dans le présent et dans l'avenir... J'ai écrit à Jérôme des voeux... Je lui ai dit de me poser des questions si je peux, je réponds... Sinon Joker... Peut-être un jour ferons nous connaissance... Notre porte ainsi que notre coeur vous sont grands ouverts. Amitiés de loin, Je ne savais comment aborder cette journée avec toi, Jérôme. Je remercie Jacques, notre oncle, mais je crois que la date d'arrivée de la lettre ne soit en rien une coïncidence de plus. Je crois qu'il aurait droit de lire ton récit.... de toute façon je l'appellerai ce jour pour l'en remercier. Sinon réflexion première, je suis encore bien absente de tout cela ;-) Simple constatation. Je t'appelle ce soir de toute façon. Je t'embrasse affectueusement. |