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Une vie après sa mort | ||||||||||
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Je suis en France pour le mariage d'un ami de ma promotion à Theseus. J'en profite pour contrôler les 18 derniers Catherine Camus sur les 45 que France Telecom publie.
Le premier contact que j'ai fait - que je croyais le bon, car la personne ayant répondu quand j'avais téléphoné en mai dernier disait que oui, cette Catherine était effectivement née en 1952 - a été d'une gentillesse extrême. Non seulement elle ne s'est pas fripée à l'idée d'être dérangée, mais a compris que c'était une recherche importante. Elle m'a donné le numéro de son père qui possède un livre qui recense les 'Camus' de France où elle-même fut inscrite sans n'avoir rien demandé. Quelle délicatesse! Il en reste 17. Non le prochain ne peut pas être le bon. Les méridionaux italiens m'ont fait craindre ce chiffre. Si ce l'était, cela augurerait mal. Un appel, une conversation, non, ce n'est pas celle là non plus. Le troisième: encore un répondeur... Puis, encore deux autres répondeurs. Puis une autre voix vive. Un troisième contrôle. Rien à faire. Peut-être que les douze derniers ne donneront rien. Serait-elle inscrite sous son nom de mariée, malgré le divorce. Ou alors son numéro est privé... Allez, vu que je me trouve dans le '03' je vérifie le dernier qu'il me reste - c'est aussi le premier qui s'est imprimé sur ma liste de travail. C'est aussi la première fois que je fonce directement au but (moi qui voulait passer par une tierce personne a priori...): Je recheche une Catherine Elizabeth Camus, née à Niagara Falls, New York en 1952.La réaction à l'autre bout de la ligne fut mitigée... "c'est à quel sujet?"Une question de familleQui êtes-vous?Jérôme Camus. Fils de Bernadette.Ah, oui. Eh bien... oui. C'est moi. Joie. Nous avons commencé une longue conversation, qui sera reprise en détail le week-end prochain lorsque j'irai la voir. Une conversation qui en a dit déjà beaucoup. Catherine m'a posé la question: "Mais, est-elle décédée ?" Je crois n'avoir rien dit de spécifique à ce sujet avant que Catherine me pose la question. Serait-ce un fil intérieur, le flux que j'ai senti le 8 février, quelque chose d'inconnu qui nous lie ? Serait-ce le ton de ma voix (voie ?) qui laisse échapper l'information... Encore plus curieux, Catherine me refait la demande quelques dix minutes plus tard. Non, ce n'est pas très curieux, c'est quand même un moment intense - beaucoup d'idées et de sentiments font les autos-tamponneuses... Elle avoue ne pas avoir eu de parents. C'est bien ce que j'avais deviné. Douleur, peine et tristesse justifiées... Il y a eu changement de garde en 1967. Ma mère ne s'est pas présentée à une cause donnée, et à partir de ce moment c'est la grand-mère paternelle de Catherine qui s'est occupée d'elle. Armand avait donc raison - à partir de cette date certainement (soit des seize ans de Catherine). À partir de quinze ans, Catherine a dû se prendre en main - toute seule - pour faire sa vie. Parallèle curieux avec le mien où à partir de 16-17 ans, j'étais complètement autonome. Dans mon cas, cela faisait quelques années que je recherchais ce statut... Elle a connu mon père Paul, certes. Même que son parcours professionnel aurait été influencé par la profession de Paul... elle le pense architecte... Catherine était contente que je l'ai appelée. Pour elle-même et pour Marion, sa fille de 17 ans qui recherchait un peu le passé. Je ne crois pas pouvoir demander mieux. Catherine fut tentée de retracer le passé. Une tentative de rétablir le contact avec Armand, poussée par Marion, a échouée. À son dernier anniversaire, ayant 45 ans, Catherine croyait le moment juste de tenter de reprendre contact avec sa mère. Elle croyait qu'elle serait rentrée en France et qu'elle fut plus facile à retracer. C'est singulier... au moment où sa fille pense à la chercher, maman a abandonné son combat avec ses cancers. Je crois que cela aurait fait plaisir à ma mère que Catherine soit à ses côtés en février au 2è LeRoyer... Rest in Peace. You deserve it. Maman n'était pas contente d'être aux États-Unis. Elle aurait voulu rentrer en France. Elle croyait en la nécessité d'une éducation en français. (Voilà une autre autre hypothèse qui s'est avérée juste... Dans le fond, je la connaissais peut être bien maman.) J'ai été chanceux de retrouver Catherine à travers l'annuaire. Ce n'est que depuis l'officialisation de son divorce qu'elle se retrouve indexée sous son nom de jeune fille, soit depuis la fin de l'année dernière... Ah oui! 'Jeune fille'. Elle a hérité de sa mère. On croirait une femme de 25 ans au téléphone. Elle me dit que Marion ressemble étrangement aux photos de sa grand-mère... Une conclusion souvent ramenée par Catherine était que c'était triste, qu'elle n'avait pas nécessairement des choses joyeuses à raconter. Et en même temps elle était contente de m'en parler. Ying... Yang... Voilà. Un grand moment. Et ça me fait bien plaisir de le partager! Jérôme |