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Une vie après sa mort | ||||||||||
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Paris, le 4 juillet 1963 Madame, Je comprends bien que vous avez emmené Catherine, mais toutefois je suis assez déçue de ne pas pouvoir être en mesure de passer quelques semaines avec elle. Vous devez bien savoir que le mois de juillet sur la Côte, il me soit totalement impossible de trouver à me loger et que j'ai fait tout ce que j'ai pu pour me rendre en France cette année. J'aurais aimé parler avec Mme. Lu en premier et puis cela est devenu impossible. Ensuite je suis allée à Fontenay-aux-roses, je pensais pouvoir téléphoner, mais là aussi pas de téléphone. Donc deux jours de perdus inutilement. Je n'ai plus rien à faire en France, pas d'attache à part Catherine qui, malheureusement, aura dû être en France tout le temps, que vous connaissez.. Je suis en France avec un travail et je n'ai que le mois de juillet de libre, alors! Voyez-vous une solution ? Ici à Paris, je n'ai que des frais de nourriture puisqu'un ami me prête sa garçonnière. Je ne puis me permettre de dépenser la somme de 3500 F par jour, donc laissez-moi savoir au plus vite, si je peux aller à Cannes et y être logée correctement. En relisant la lettre de Guy, je pense que vous avez déjà envisagé une solution logement. Peut-être est-ce chez Marinette pour qui j'ai toujours gardé le plus vif souvenir? J'ai appris par Armand dernièrement que son mari est décédé, cela doit être bien triste pour elle. Je n'ai plus jamais correspondu avec eux depuis votre passage en Amérique, que pour une seule raison. Celle que je savais que nous ne resterions plus ensemble, votre fils et moi. Ce dont je n'ai jamais eu nul regret. Armand ne m'aimait pas, et il est inutile de revenir là-dessus. C'est déjà avec regrets que lors de mon passage en France il y a cinq ans que vous ayez eu à parler à la petite de son père quand une autre personne le serait devenue, mais il fallait de la patience. Bien que cet homme me soit cher et le restera, je ne me marierais jamais avec lui. Je l'ai décidé il y a trois ans, ou plus tard si j'en ai assez et Catherine libre. La mort de M. Sénéchal a évidemment changé des choses. Je me suis fait une raison, mais alors cela ne m'a jamais plu que Catherine sorte de la pension en dehors de la famille Lu. Mais je vous remercie quand même de ce que vous avez fait pour elle. Et également, tant la pension que vous-même, d'avoir fait écrire Catherine. Mais peut être est-elle aussi indifférente que son père. Ce que j'ai à écrire s'adresse plutôt à des adultes qu'à des enfants. C'est la raison pour laquelle je n'ai envoyé que quelques [...]pour des occasions exceptionelles, ceci à Catherine. Mais son père, lui, reçoit de ses nouvelles... Je ne suis pas hypocrite et j'aime le franc jeu, donc je vous dis ce que je pense. Je suis aussi plus agée, je peux mieux me le permettre après 13 ans. J'espère quand même que vous ne m'aurez pas abaissée aux yeux de la petite, car un jour elle saura la vérité, et sera à même de juger par elle-même. Je ne comprends quand même que vous ayez Catherine sachant que j'arrivais le 3. Pourquoi ne serait-elle pas restée chez Josée en attendant. Je n'ai pas encore parlé avec eux évidemment. Écrivez-moi de suite avec des instructions. Je ne veux pas que cela soit des vacances gratuites que vous offrez à Catherine. Donc je ne peux pas me permettre double frais. À bientôt de vos nouvelles. Je l'espère, B. Camus |