Une vie après sa mort | ||||||||
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14 janvier 1960
75 Francis st Bernadette, Merci pour tes bons voeux. Reçois les notres pour 1960. Espérons que l'année nouvelle t'apportera d'abord santé et travail, et un peu de repos dans ton existence. Il est vrai que je n'ai pas écrit depuis longtemps, mais dans une de tes lettres de novembre tu écrivais que Catherine metterait un petit mot. J'avais donc décidé d'attendre avant d'écrire, et ensuite le temps a passé vite. Durant décembre je suis allé faire 3 installations d'équipement pour la compagnie; 2 fois seul et la 3è fois avec Dorothy, les 29-30-31 décembre 1959. Si bien que le 31 Déc au soir, à minuit exactement, nous étions à New York, à Times Square, avec la foule hurlante que l'on peut voir à la T.V. C'est paraît-il, quelque chose que l'on doit faire une fois dans sa vie, mais c'est tout. Mon installation la 3è fois était à Brooklyn, juste à côté de New York, ce qui explique pourquoi nous étions là. Dorothy a donné sa démission et ne travaille plus; elle veut simplement passer plus de temps chez elle, c'est tout. Pour les comptes, j'envoie $100 toutes les 2 fois, ce qui revient au même, et est plus facile pour tout le monde. Le Nov 19 et Dec 3 ($100) ont été envoyés ensemble, et tu as dû toucher cet argent. Le Dec 14 et Dec 31 ont été envoyé ensemble (le 4 janvier 60, par ce que je n'étais pas là le 31 déc - installation) et depuis j'ai reçu réponse de la Irving (en date du 7 janvier 60) que les $100 ont été déposés au compte de Lu. Aujourd'hui, 14 janvier, j'ai 50 que je vais garder jusqu'au 28 janvier date à laquelle j'enverrai $100 au compte de Lu. J'aimerais que tu me spécifies si je dois continuer d'envoyer directement au compte de Lu sans attendre que tu me le dises. Car je ne sais pas quels sont tes plans. Récemment, j'ai vu dans un journal qu'il y avait un nouveau "Franc", valant 100 fois l'ancien. J'espère que cela n'apporte pas de complication dans nos comptes. Je ne suis pas surpris qu'un petit piano soit faux. Une année, je me rappelle en avoir essayé plusieurs à Boston et aucun n'était juste. De plus, avec une octave un enfant ne peut pas faire grand chose. Je constate avec satisfaction que Catherine travaille mieux à l'école, mais sans doute ne sait-elle pas encore écrire, car je n'ai pas encore vu son écriture. Peut-être m'a-t-elle oublié maintenant, et pour l'instant c'est peut être pour le mieux. Dorothy m'a dit qu'elle avait noté que Catherine était bavarde (a magpie), mais beaucoup d'enfants le sont. Pourquoi écris-tu qu'elle passe les récréations à tourner en rond dans la cour ? Ne joue-t-elle pas ? D'après ta lettre tu penses rentrer en septembre ou même avant. Ton visa est-il encore valable ? et que deviendrait Catherine si tu partais avant la fin de l'année scolaire. La confierais-tu à quelqu'un, ou en pension à son école ? En même temps que ta lettre, j'ai reçu une lettre de ma mère, et la coincidence (?) veut que le même sujet soit effleuré. Je te demandes simplement de ne rien mentionner si, par hasard, tu voyais ou parlais à ma mère. Elle me demande si j'ai envisagé que Cathy pourrait lui être laissée, et qu'elle finirait de l'élever. Et je me demandais si c'est à quoi tu pensais quand tu disais que Catherine resterait en France à faire son année scolaire [annotation en marge de la main de Bernadette "Non"]. Pour ma part je ne crois pas que ce soit une bonne solution (à moins que tu le veuilles, naturellement), Cath est bien mieux avec toi, sa mère, qu'avec sa grand-mère; et étant américaine, elle peut venir vivre aux États-Unis. Nous devons reconnaître que la vie est plus facile aux U.S. [annotation en marge de la main de Bernadette "Non"], malgré les différences entre les deux genres de vie. J'aimerais connaître ton avis. Mais, inutile de parler de quoi que ce soit à ma mère. Gardes-le pour moi. Néanmoins, je lui écrirais dans ce sens que je pense qu'il est mieux qu'elle reste avec toi, et même vivre aux États-Unis. Je ne crois pas que nous vienderons en France l'été prochain. Merci quand même pour ton offre de garder l'appartement pour nous, mais ce ne sera pas nécessaire. Dis à Catherine que je la félicite pour son bon travail. À bientôt de te lire Armand |