Une vie après sa mort | |||||||||
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Je ne t'ai pas rejoint au téléphone aujourd'hui, et là il est tard. Comme je ne veux pas réveiller les enfants, je te fait le récit d'une journée un peu mouvementée. 4h30 du matin. Des rêves, flous comme à l'ordinaire, m'amènent à traiter des dossiers médicaux que j'ai trouvés. Ceux de ma mère et de ma soeur... En particulier ce qui s'est passé en mai 1959. La question se pose nettement: quelle fut la cause de l'avortement? Deux médecins sont consultés: l'un m'est inconnu, l'autre c'est Claude Pilon - un collègue de l'école secondaire qui à réalisé son souhait de devenir cardiologue. Et qui pratique aujourd'hui dans le même hopîtal où maman a été traitée. Non, pas dans mon rêve, mais dans la réalité! Claude, en apprenant mon histoire s'est proposé de me donner un coup de main à déchiffrer les documents médicaux en ma possession. Il est ainsi entré dans ce rêve. Puis, le rêve est devenu réalité. Et mon sub-conscient s'en est rendu compte. Je me suis mis à réfléchir lucidement dans mon sommeil... puis et à me réveiller et de continuer à raisonner ! Je ne me suis plus rendormi par la suite. De fil en aiguille, encore des neurones qui se mettent à se parler. Par l'entremise de ces deux médecins, qui se relayaient dans mon rêve.
Lorsque j'apparais, et que visiblement la relation avec mon père ne peut aller nulle part, la douleur pouvait bien lui faire refermer sa coquille sur ce qu'elle pouvait controller: moi. Cela explique aussi pourquoi, elle n'a pas vécu d'autre relation vraiment sérieuse. En effet, pourquoi se relancer sur un chemin qui s'est déjà révélé pénible? Un enfant fut déjà abandonné. En somme, ce fut un peu ma chance de ne pas être l'objet d'une deuxième erreur. 11h30. Registre de l'état civil de la Ville d'Anthony. J'y suis pour informer du décès de ma mère et ainsi mettre à jour leurs dossiers. Puis enquêter sur le passé de maman. Confirmations. Nouveaux éléments. Ma mère est née d'un père inconnu. J'obtiens une copie de l'inscription au régistre. Mais le lieu de naissance est aussi indiqué. L'agent de l'état civil m'indique que c'est dans un pavillon à deux pas de là. Rue des Verrières. Allons-y!
Donc, 'Camus' c'est ton nom de jeune fille?Non.Mais alors, c'est quoi ton nom de jeune fille?Monnoyeur...Ahhhh... bon... OK... Je recense ainsi, par Minitel, les Monnoyeur de la région parisienne. Puis, je recense d'autres pistes. 16h30. Confirmation par la mairie de Mamers que Henriette Marchand est bel et bien décédée. Elle a été mariée deux fois... Dommage, si elle avait été en vie, j'aurais pu essayer d'en savoir plus long sur les débuts de maman. Mais je va tenter d'obtenir un acte quand même... J'ai un soupçon, mais très sérieux. Tous les courants portent vers une adoption, malgré que Henriette soit partie avec son enfant de la congrégation de Saint-Raphaël et a donc reconnu le lien filial. Les histoires sur la famille de maman, son père, ses soeurs, sa soeur ainée de vingt ans, toutes sont restées cohérentes au fil des années. Un gros fond de vérité doit y résider. Avec une soeur de 20 ans son ainé, elle ne pouvait pas connaître une mère qui aurait accouché à l'âge de 19 ans... Mais maman savait-elle qu'elle n'était pas dans sa famille ? Comment l'a-t-elle pris ? Plus tard, je me remets au Minitel pour recenser tous le C Camus de France. J'ai commencé à téléphoner impulsivement, plus de tierce personne. La liste est une peu longue et je commence à éliminer des noms qui ne sont pas les bons. Un travail que je ne pourrai pas finir car je ne suis à Paris que pour quelques jours et il serait un peu coûteux de la faire de l'étranger. Mais je sais que je ne suis pas pressé. Je finirai par trouver. En même temps, je ne veux pas trouver trop vite. Je veux connaître le maximum de faits avant de confronter les personnes et d'être sujet à leurs opinions, expériences (positives ou négatives) et, éventuellement, pertes de mémoire. Go slow, you'll get there faster... Ah oui... j'oubliais! Hier, en fin d'après-midi, je suis allé voir l'adresse que j'ai trouvé sur les cartes de membres de ma mère. Je ne l'ai pas trouvée: aucun plan de Malakoff porte ce nom de rue. J'imagine qu'avec toutes les nouvelles constructions des années soixante, on a rasé des rues entières pour construire des projets d'HLM... Mais comme il était tard, je n'ai pas pu aller vérifer à l'hôtel-de-ville. De toutes façons, si la rue n'est plus là... Là je commence à m'écrouler - la journée a été riche et longue ! Je t'embrasse, Jérôme |