| Zero
tempête... |
Un
drame commun |
Deux
...ième drame |
Trois
pistes à suivre |
Quatre
générations |
Cinq
boucles |
| Sujet: | Sono sconvolto... |
| Date: | Mercredi 5 août 1998 01:07:34 +0100 |
| De: | Jérôme |
| à: | Jérôme |
Depuis deux jours je me suis mis à réfléchir: 'Westford, c'est où ça? Ce n'est pas près de Boston à ce que je sache, et j'y ai vécu près de quinze ans. Donc c'est probablement hors du code régional 617. Vu que l'organisation téléphonique venait de changer, c'est probablement un numéro du 718.' Effectivement, après vérification, c'est hors du 617, mais pas le 718. C'est dans le 978 - je ne connaissais pas...
Je veux téléphoner. Mais j'attends des conditions justes. Intérieurement. Je ne veux surtout pas qu'il me bloque l'accès à Catherine. Je prends l'enregistreur, je n'ai plus confiance en ma mémoire. Et je tremble, je sais - avec une certitude indescriptible - que je vais lui parler, là dans deux minutes.
Sa femme répond. Elle croit que je veux parler à Marc. Ça doit être son fils. Elle finit par me le passer.
C'est Armand. Qui préfère parler en anglais; c'est devenu sa langue. Mais les courants dominants le ramènent au français.
Au bout di compte, il m'en apprend plus sur maman que mon propre père, malgré une mémoire - visiblement - défaillante. Elle a effectivement été adoptée (mais il ne sais pas à quel âge) par les Monnoyeur. Elle avait un lien très fort avec les 'chinois' (les Lu). Il croyait même qu'elle serait éventuellement rentrée en France pour être avec sa famille. Ils se sont quittés à l'amiable.
Il m'a même appris qu'il me connaissais. Que je l'ai connu jusqu'à l'âge de quatre ans. Je l'appelais, apparemment, 'Le Monsieur'... Mais alors là, vraiment rien. Le vide. Ça me dit trois fois rien. Bloquage. Ou innocence de l'âge.
Mais je tremble toujours en écrivant ces lignes.
Armand n'a pas de trace de Catherine. Je le crois sincère. Il a, tout simplement, perdu la trace!
Il sait que Catherine a été mariée. Puis divorcée. Elle a eu deux enfants. Elle avait été à une école de dessin industriel avant de se marier. C'est curieux, le même choix de carrière que ma mère. Et cela me semblait tout à fait naturel; les dessins que j'ai trouvés dans la malle me revenaient en tête et tout me semblait cohérent.
Mais il a perdu la trace. Il tentera de ma faire parvenir des documents ou informations s'il en trouve. Il est aussi prêt à me rencontrer en septembre lors de mon prochain passage aux États... Mais il ne savait pas me dire dans quelle ville elle ait habité, ni le nom de famille de son mari...
Je suis secoué, mes mains en tremblent encore. Je me calme qu'en rédigeant ces lignes. Tous les deux l'ont abandonnée.